TONY GARNIER, RETOUR AUX SOURCES - 2
II. Naissance d’une Cité industrielle
Les convictions de Tony Garnier sur son métier sont fermement ancrées lors de son séjour à la villa Médicis. Loin des principes des Beaux Arts qu’il cherche pourtant à concilier avec de nouvelles idées, le jeune architecte doit néanmoins passer par les exigences de l’Académie qui le contraint à dessiner des œuvres du passé. Il s’en acquitte de façon remarquable avec les vues de la cité de Tusculum, petite ville du Latium où Cicéron avait vécu. Ce travail inspirera finalement les paysages urbains, parfaitement maîtrisés, de son projet « Une Cité industrielle », que Tony Garnier présentera à Paris, à son retour de Rome, en 1904.
Une Cité industrielle constitue la première tentative globale d’organiser la ville du vingtième siècle – si l’on excepte, en Espagne, l’œuvre du catalan Antoni Gaudí. Son grand intérêt réside dans le caractère à la fois inédit et synthétique de sa pensée par rapport aux idées qui circulent en Europe : un urbanisme raisonné et des formes architecturales sobres, reposant sur un humanisme indéfectible (Tony Garnier est un libre-penseur laïc, engagé notamment aux côtés d’Émile Zola). Il s’appuie sur la promotion d’un matériau industriel très économique : le ciment armé, ancêtre du béton moderne. Garnier évoque ainsi les « avantages » de sa cité idéale : « Le bien-être, l’hygiène, les services publics et la verdure au profit de la société socialisée de l’ère industrielle ». Il reste à en convaincre ceux qui font déjà la ville : les élus…
Illustration : Une Cité industrielle, plan d’ensemble, non daté (coll. Musée des Beaux Arts. Wikicommons)